Association Fonds Detaille
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Durant la seconde moitié du XXème siècle, plusieurs grands chantiers ont totalement façonné le littoral monégasque sur la partie Est de la Principauté. En premier lieu, dans les années 60, deux terre-pleins, le Portier et le Sporting, sortent de terre. Entre ces deux vastes extensions, la plage du Larvotto y est ensuite aménagée. Dans les années 70, plus à l’Ouest, c’est le complexe immobilier des Spélugues qui est construit.
L’exposition Les extension en mer à Monaco démontre dans quelle mesure les travaux d’extensions en mer menés par la Principauté sont profondément liés à l’histoire du Pays. Chaque salle de cette exposition présente un quartier de Monaco. On découvre les terre-pleins qui ont permis de créer le quartier de Fonvieille, l’anse du Portier, Le Larvotto, les Spélugues et le Sporting. La sélection des photographies sont issues de fonds publics et privés mettant en avant les différents visages de la Principauté au fil des années et de sont extension au moyen des terre – pleins.
Dans cette exposition une grande partie des photos sont faite par Georges Detaille, mon grand père.
Je vous repropose ici ses photos accompagné des textes de ma collègue Madame Sabrina Bonarrigo, Rédactrice en chef de l’Observateur de Monaco.
Les clichés sont saisissants… Tous témoignent de la manière dont la Principauté a étendu son territoire en grignotant des espaces, plus ou moins étendus, sur la mer. Baptisée, Conquêtes Pacifiques – Les extensions en mer à Monaco, cette exposition organisée par la Direction des Affaires Culturelles (DAC) montre à quel point cette conquête d’espaces sur les eaux de la Méditerranée a été à la fois une épopée géopolitique, sociale, urbanistique, technique, mais aussi humaine.« Monaco est comme un organisme vivant, qui augmente et se déploie, mais pas au détriment d’un autre organisme, ou d’uneautre nation», résume Bjorn Dahlstrom, le commissaire de cette exposition. Effectivement, pour pousser ses murs et gagner des territoires, la Principauté n’a pas mené de guerre, ni de bataille.« C’est la raison pour laquelle nous avons choisi ce nom de « Conquêtes pacifiques ».
Ce déploiement a eu lieu sans conquérir des espaces qui appartiendraient à d’autres. Au-delà de la prouesse technique et urbanistique, ce fut aussi un défi politique. Ces projets se sont aussi faits dans la douleur», rappelle-t-il. Au total, Monaco a connu six extensions sur la mer.Celle de l’Anse du Portier, qui ne sera pas achevée avant 2025, constituera la septième. Et fera encore gagner 60000 m2 de plus à la Principauté. « Au total, les extensions en mer auront permis l’édification de 840000m2 soit plus de 26 % du total construit en principauté», a précisé à son tour l’IMSEE dans une récente étude.
Qui a alors choisi de mener cette perpétuelle conquête et métamorphose territoriales? Ce sont trois hommes, ou plutôt, trois princes. « Ces extensions sont effectivement des chantiers de princes, souligne encore Bjôrn Dahlstrôm, Cette politique a été menée depuis le Rocher, par Albert I », puis Rainier III, et aujourd’hui par SAS Albert II. On parle d’environ 130 ans d’extensions en mer. » Le port Hercule a été la première zone réellement aménagée dès la fin du 19èmesiècle. « Mais c’est surtout Albert I » au début du XXème siècle qui a œuvré sur cette zone géographique. Celle-ci a d’ailleurs connu des aménagements jusqu’à l’arrivée de la digue flottante au début du troisième millénaire. C’est l’un des rares secteurs de la Principauté où il y a eu des développements constants»
Après l’œuvre d’Albert 1er, pour que la Principauté se développe véritablement économiquement et ne soit pas contrainte par son étroit territoire, c’est essentiellement le princier Rainier III qui a mis sa pierre à l’édifice. Le prince bâtisseur a eu l’audace de dépasser ces frontières terrestres avec plusieurs projets gargantuesques qui ont véritablement permis l’expansion géographique et économique de Monaco. Sous son règne, la surface de la Principauté s’est agrandie du cinquième de sa superficie. Réduite à 145 hectares en 1861 après la sécession de Menton et Roquebrune, sa superficie est de 202 hectares en 2005.« Les premiers gains d’espaces significatifs se font d’abord sur terre avec l’enfouissement des voies de chemin de fer qui traversent alors le pays. Mais les conquêtes territoriales les plus extraordinaires se feront effectivement en mer, note encore Bjorn Dahlstrôm. Pour cela, le prince va s’entourer d’équipes audacieuses qu’il consultera au gré des décennies, dans une approche futuriste, en phase avec l’optimisme et le modernisme ambiants d’après-guerre.»
À l’est de Monte-Carlo, sur les rivages, des surfaces très importantes sont donc conquises et aménagées. Notamment le Portier, le Larvotto, le terre-plein accueillant le Sporting d’été, mais aussi et surtout, la création du terre-plein de Fontvieille à l’ouest avec 22 hectares gagnés sur la mer. 22 hectares qui ont modifié durablement la vie du pays. « Monaco connaît alors une révolution territoriale. Tous ces projets vont bouleverser durablement la physionomie de la Principauté en augmentant le territoire de 150 à 202 hectares, rajoute Bjôrn Dahlstrôm. Ces extensions permettent alors le développement du pays, mais lui confèrent surtout les attributs d’une véritable nation moderne avec la création de nouveaux logements bien sûr, mais aussi et surtout de nouveaux services et industries.
Monaco devient aussi un modèle en termes de prouesses techniques. « Certains projets sont des premières. Je pense notamment à la digue flottante qui est unique et extraordinaire pour l’époque. Ce qui les rend d’autant plus extraordinaire, c’est que ces extensions sont réalisées dans un contexte géographique complexe. » Le territoire monégasque se confronte en effet, par sa nature et par sa géographie, tantôt à un rivage rocheux tantôt à une pente forte, montagneuse. Désormais, c’est le prince Albert II qui prend le relais dans cette conquête de nouveaux territoires avec le projet de l’Anse du Portier qui sera livré en 2025. Avec cette nouvelle extension en mer, la Principauté gagnera encore 6 hectares de territoire.
Si Monaco a décidé de s’étendre sur la mer, c’est que ce micro-État n’avait pas vraiment d’autre choix pour se développer économiquement. « Suite au traité franco-monégasque du 2 février 1861 qui entérine les frontières terrestres toujours actuelles de Monaco, la Principauté va devoir renoncer à ses activités et revenus agricoles jusque-là principalement assurés par les territoires limitrophes et perdus de Roque brune et Menton », rappelle en effet Bjéirn Dahlstréim. Ces contraintes territoriales vont donc pousser les différents princes à imaginer une autre économie. Avec notamment la naissance des bains de mer et du jeu mais aussi d’autres activités touristiques avec des événements sportifs et culturels. « L’espace devient alors pour la Principauté un enjeu crucial, sans lequel tout développement devient impossible, rajoute le commissaire de l’exposition. Cette rétraction géographique radicale va devenir alors le terreau fertile de nombreuses initiatives, souvent techniquement pionnières et avant-gardistes, que la vision politique du Rocher pilotera tout au long des XIXème et XXème siècles. »
A l’initiative du prince Rainier III, c’est sans conteste l’extension en mer de Fontvieille qui a constitué le plus gros et ambitieux chantier du genre, avec des fonds marins qui atteignaient jusqu’à 40 mètres de profondeur. Monaco a de nombreuses fois repoussé artificiellement ses limites territoriales… Mais la construction du terre-plein de Font vieille, qui s’est échelonnée de 1966 à 1973, est sans conteste considérée comme le chantier le plus ambitieux mené par la Principauté.
Au-delà de la prouesse technique, ce projet titanesque qui s’étend sur 22 hectares, et qui a été conçu pour être capable d’accueillir, à terme, 10000 habitants, a permis au fil du temps de construire durablement des ouvrages cruciaux pour la vie économique et sociale du pays. Sur cette zone, « 222.000 m2 d’immeubles résidentiels, privés et domaniaux», ont été construits rappelle Jean-Michel Manzone, ancien Directeur de la Prospective, de l’Urbanisme et de la Mobilité (DPUM), qui témoigne à l’ex position.
C’est à Fontvieille en effet que la politique de logement social pour les Monégasques a véritablement démarré… Au-delà de la construction massive d’immeubles, le terre-plein de Fontvieille a aussi permis de bâtir un ensemble de planchers industriels, le nouveau stade Louis II, un jardin public, une roseraie, un héliport, une caserne de sapeurs pompiers, une église ou encore un chapiteau permanent.
Avant que tous ces ouvrages ne sortent de terre, il a fallu mener en amont des travaux titanesques sous l’eau. Une digue de 1 kilomètre de long, et profonde de 35 à 40 mètres, a d’abord été conçue. Un véritable record pour l’époque. Un énorme talus sous-marin servant d’assise à la future digue a également dû être constitué. Pour le concevoir, il a fallu 7 millions de tonnes – soit 3 fois le volume de la pyramide de Kheops – de matériaux et de granulats issus de carrières. « Ce talus érigé a servi d’assise à 43 caissons réalisés dans le port de Gênes (en utilisant déjà la technique des coffrages glissants) et remorqués jusqu’à Fontvieille pour venir constituer sur 1 km de long, le corps supérieur de la digue, rajoute Jean-Michel Manzone. Une fois la digue réalisée, le comblement du terre-plein a débuté et s’est matérialisé par des déversements de matériaux de carrière de l’arrière-pays, et des sables issus des avant-ports de Fos et d’Impéria.»
À l’origine, c’est la société anonyme pour le développement immobilier de Monaco (SADIM) qui doit relever le défi de cette urbanisation en mer. Mais le projet présenté par ce concessionnaire – et imaginé par l’architecte Manfredi Nicoletti – n’a pas convaincu les autorités monégasques. Ce projet futuriste qui se précise dès 1966 prévoyait la construction de bâtiments qui s’élèvent… à plus de 30 mètres au-dessus du niveau de la place du palais (voir article par ailleurs). Dès 1973, c’est donc la Principauté qui rachète le terre-plein de Fontvieille à la SADIM pour pouvoir rester maître du plan de développe ment de ce nouveau quartier. «Leprince Rainier III, en union avec le Conseil national présidé par Jean-Charles Rey, n’hésite pas à relever ce défi économique qui engage la majeure partie du fonds de réserve d’alors de la Principauté», rajoute Jean Michel Manzone dans cette exposition. Ce sont donc les services tech niques monégasques qui prennent le relais et définissent le plan d’urbanisme pour réaliser le quartier de Fontvieille. Des travaux qui s’échelonneront entre 1980 et 1992.
DES EXTENSIONS EN MER DÈS LA FIN DU XIXÈME SIÈCLE.
Avant le terre-plein construit sous l’impulsion du Prince Rainier Ill, le quartier de Fontvieille avait déjà connu des extensions en mer à la fin du XIXème siècle, puis après la Première guerre mondiale. Une petite zone industrielle avait ainsi été bâtie sur laquelle on trouvait notamment une usine électrique ayant des zones de stockage à charbon, une brasserie et une minoterie. À la fin des années 30, il y eu également la construction du premier stade Louis Il
STADE LOUIS Il : DE 1981 À 1984
Inauguré le 25 Janvier 1985 par le Prince Rainier III, le Stade Louis Il a été conçu de 1981 à 1984. Il est l’un des ouvrages emblématiques du quartier de Fontvieille et de ce terre-plein. Son coût à l’époque a été évalué à 594 millions de francs. D’une superficie de 3 hectares et d’une capacité d’accueil d’environ 20.000 spectateurs, le stade dispose d’une pelouse située à 8 mètres de hauteur au-dessus d’un parking de 1 700 places. Ce bâtiment abrite une salle omnisports, une piscine olympique, 9 200 m² de bureaux et 1 600 m² de locaux commerciaux.c« Le prince Rainier Ill souhaitait qu’il y ait une concentration de la pratique sportive. Il voulait un bâtiment qui soit à la portée de tous, des plus jeunes aux plus âgés, explique Sylvie Bertrand, directrice de cet établissement qui témoigne à l’exposition. Sur le plan économique, il a souhaité un bâtiment qui offre des surfaces à des sociétés et à des services administratifs. »cLa construction du nouveau stade Louis Il a permis la destruction de l’ancien stade.cCette destruction a également permis ensuite la construction de l’actuel centre commercial de Fontvieille.
Il s’agit du premier terre-plein construit à Monaco. Situé au Portier, il s’étend sur une surface de 35000 m2, et voit le jour entre 1958 et 1961. Sur cette zone est d’abord bâti en 1966 le « Hall du Centenaire ». Il s’agissait d’un centre culturel, de congrès et lieu d’exposition qui fut à l’époque un véritable moteur pour la politique culturelle et économique de Monaco. Ce bâtiment conservé durant 20 ans – est donc l’ancêtre de l’actuel Grimaldi Forum qui fut construit en huit ans, de 1992 à 2000. Toujours dans cette zone, en 1994 le jardin japonais princesse Grace, intégralement conçu à Osaka, occupe la partie sud-ouest de ce terre-plein.
Entre 1961 et 1963, à l’extrémité Est du territoire, un autre terre-plein d’une superficie de 54000 m2 est créé. Sur cette extension territoriale, de nombreux ouvrages naîtront au fil des décennies : le nouveau Sporting bien sûr, achevé en 1974 (et rénové en 1999), mais aussi l’Hôtel Monte-Carlo Bay, ouvert en 2005, sans oublier les trois villas de la Société des Bains de Mer d’environ 500 m2 chacune, entourées de grands jardins, achevées en 2014. Entre le terre-plein du Portier, et le terre-plein du Sporting, pour pallier le manque d’équipement balnéaire, une plage artificielle de 450 mètres (celle du Larvotto) y est également aménagée. Ce sera entre 1965 et 1967. Il s’agit alors de la première plage artificielle en Méditerranée.« Cette plage est protégée par des épis et des brise-lames afin de proposer une nouvelle offre d’activité balnéaire, souligne Jean-Luc N’ Guyen, directeur des travaux publics, qui témoigne au sein de l’exposition. Ses ouvrages de protection ont fait preuve d’une remarquable efficacité depuis plus de 50 ans, nécessitant peu d’interventions et d’entretien. »
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