S.A.S. Rainier III et Fernand lors de l’exposition « Groupe d’Art Moderne »

Mon Grand-oncle Fernand, de 5 ans cadet de Georges, suivra son frère et son père pour apprendre le métier de photographe.

Cependant il garda une certaine liberté pour développer son cotée artistique où à organiser des expositions dans la galerie d’art de son épouse où il exposait ses œuvres et compositions.

​Déjà très jeune, pendant qu’il accompagnait les deux Georges pour un reportage photographique au Palais Princier, Fernand, qui se sentait souvent mis à l’écart par son père, trouva de suite sa voie artistique : attiré par l’atelier de ferronnerie présent au Palais, il restait plusieurs jours à apprendre les bases de ce métier qu’il transforma en art.

​Il récupéra plusieurs fers de chevaux, clés, poignée de portes en fer et il commença alors à souder ces différentes pièces en créant ses premières œuvres abstraites qui à ce jour sont encore présentes et reconnues à Monaco.

Il développa son côté artistique en qualité de sculpteur mais ses obligations à l’atelier de photo le rappelaient toujours à l’ordre en travaillant dans un premier temps sous les ordres de son père puis en binôme avec son  frère.

Portrait Fernand Detaille par son frère

Ce pendant Fernand cherchait toujours des nouvelles inspirations : en 1938, pendant que Georges (fils) fessait un reportage sur Salvador Dali, invité par Mme Coco Chanel dans sa villa « La Pausa » à Roquebrune, Fernand pris par l’admiration devant ce génie du surréalisme et s’inspirera à Dali dans l’élaboration de ses compositions : il commence donc à créer des photomontages en mélangeant ses sculptures en fer forge et objets de vie de tous les jours.

​Peu avant les hostilités de ’40, Fernand trouve sa nouvelle voie, il rencontre José Costa-Marquet, chargée des Œuvres Sociales à la mairie de Monaco et gérante de la Galerie Marigny, au boulevard des Moulins. Entrée, elle aussi, dans la Resistance, Fernand et José, feront partie du « Groupe d’Art Moderne » en 1942 dont elle en sera l’égérie.

Le père de José, Albert Costa, gaulliste, fut arrêté par l’armée italienne et emprisonné à

Sospel et Embrun. Il recevra des mains de S.A.S. le Prince Rainier la Croix d’Officier de l’Ordre de Saint Charles et sera fait Chevalier de la Légion d’Honneur par le Général de Gaulle.

José Costa-Marquet subit, à son tour, le même sort et sera internée dans plusieurs prisons Embrun, Modane et Chambéry.

Descente des marches de la Cathédrale – Mariage de Fernand et José

Elle échappera de justesse à la déportation grâce à l’action des Forces Française de l’Intérieur qui font sauter la centrale électrique et les voies ferrées, empêchant ainsi le départ du wagon à bestiaux destiné pour Buchenwald, dans lequel avec ses camarades d’infortune, les S.S. allemands l’avaient enfermée.

​Fernand, se trouva dans l’impossibilité de faire la guerre car il fut réformé à cause des séquelles d’une mastoïdite contrée en enfance. Surdité de l’oreille gauche et perte de  vue  il ne fut pas accepté au service militaire. Il profita  de  l’occasion pour  réaliser des clichés de guerre pendant   l’occupation  de Monaco qui resteront dans les annales. Georges, son frère, l’aida dans cette mission pour les prises de plusieurs images et les éditera aux Editions Georges Detaille le 31 mars 1945.

Plusieurs négatifs pour obtenir une image unique du portait en photomontage de S.A.S. Rainier III

Fernand apporta sa vision aussi à l’atelier photographique, précurseur du « Photoshop » d’aujourd’hui, il composa des photomontages en utilisant plusieurs négatifs pour obtenir au tirage une image unique dont  un portait  de SAS Rainier III en 1950 et plusieurs cartes surréalistes qu’il nous envoyait chaque année comme carte de vœux de Noël.

​En 1941, il réalise plusieurs photographies avec des films en infrarouge qui donne une certaine densité des photos en utilisant un papier Kodak spéciale.

Le tempérament de l’épouse de Fernand fut crucial dans les rapports des deux frères Photographes.

​José garda son caractère  bien trempé  aussi après la fin de la guerre tout en gardant son devoir de mémoire de résistante accomplie.

​A cause de cela ils décident de ne pas être présents au mariage de mes parents en 1966 car ma mère épousait un Italien !

Monaco depuis Cap d’Ail photographie film infrarouge

Les années passèrent et le doux caractère de mon père obtiendra le « pardon » de Fernand et José en voulant enfin comprendre que la guerre était bien finie que pas tous les Italiens avait la même mentalité que celle de la guerre.

Enfin la famille réunie nous eut plusieurs années de joies, en 1977 ma naissance adoucira encore plus le rapport entre les deux frères photographes. Nous le revoyions réapparaitre a mon baptême et la famille ne se séparera plus.
Noel, Pâques, week-end à la campagne ; toute occasion était crée pour réunir la famille.
Malheureusement José et Fernand n’ai pu avoir d’enfants. Cette déception hanta le couple en recherche d’héritier.

José décèdera en Aout 2001.

Signature personnelle de Fernand Detaille

Au crépuscule de sa vie, Fernand essaya de combler ce vide en formulant voire offrant de nombreuses promesses, reconnaissances et titres d’enfants spirituels à qui voulaient bien l’entendre.  » Lilise  » son épouse et compagne de vie au travers de sa sœur « José » fut sa seule et unique dépositaire de l’ensemble de son héritage, de patrimoine et de ses dispositions testamentaire. 

Fernand se remaria à Opio le 10 janvier 2002 avec  Marie Louise Costa-Marquet.

Fernand en 2004

Au soir de sa vie le dernier photographe Detaille de la principauté se posa enfin sur sa vrai famille, en comprenant qu’il avait contribué lui aussi à l’éducation d’Elisabeth Detaille car elle avait grandi aux magasins et avait apporté à sa façon aux tirages des photos, retouche des photos, dépôt de la recette à la banque, accueille des clients…

​Il avait bien compris qu’il pouvait pu lui faire confiance vu qu’il avait contribué à toute son éducation et qu’elle était l’unique enfant de la famille qu’il ait vraiment vu grandir à ses cotés. Fernand ne fut pas que son oncle mais aussi son parrain de baptême.

​Sa deuxième épouse, Marie Louise dite  » Lilise « ,  a un tempérament bien plus lucide et prudent que sa sœur et avec ma mère, Elisabeth,  elles s’occupèrent de Fernand jusqu’à  son dernier soupir en 2010. Il avait 96 ans.

​Nous sommes en 2021 et  » Lilise  » est la mémoire vivante de Fernand et de cette période, s’approchant sereinement d’un siècle de vie et ce prévu pour 2022 !