Association Fonds Detaille
Partenaires et contributeurs
Au 4, Boulevard des Moulins – Monaco
C’est en 1935, qu’un évènement majeur changea complètement l’activité de la Maison Detaille et contribua à son entière réussite.
En effet, mon père découvrit qu’une boutique était à louer au 4, Boulevard des Moulins. C’était à l’époque une simple teinturerie.
La locataire, Mademoiselle Vuille consentit à lui céder son local.
La boutique était réellement toute petite mais sa situation était un bel emplacement dans le « Carré d’Or » de Monte-Carlo. La superficie totale regroupant deux lots était partagée de moitié avec un électricien nommé BRIDA.
Pour l’ouverture du magasin on recouvrit l’enseigne existante d’un papier peint tourné à l’envers PHOTO DETAILLE. Le succès de l’entreprise fut fulgurant prenant chaque jour de l’essor.
Un commerçant, l ‘opticien Grosfillez, qui se trouvait à 50 mètres de notre boutique, nous confie le développement de tous ses travaux d’amateurs.
Un véritable challenge et une chance pour notre installation. Nous voici dans l’obligation de moderniser l’équipement de notre laboratoire, situé 5, Avenue Saint Michel.
Nous mirent en place des cuves à développement de 60 litres que nous dûmes modifier très rapidement à 120 litres.
La maison allemande DURKOPP nous livra une merveilleuse tireuse automatique, puis agrandisseurs, sécheuse-glaceuse, etc.
On arriva ainsi à traiter journellement de 30 à 40 bobines par jour puis de 60 à 80 et plus après les jours de fête.
Nos amis, les architectes Jean et José Notari, changèrent la devanture vétuste du moment en une conception ultra moderne.
La Société KODAK nous offrit deux enseignes au néon. Plus tard nous eûmes la possibilité d’absorber la boutique de notre confrère Electricité Brida.
Les deux boutiques sont enfin réunies en un grand magasin. On peut dire que les affaires sont dures mais florissantes.
Nous parvenons à acquérir les murs du magasin, ainsi que l’appartement qui se trouve au-dessus. C’est un local très vaste de six pièces ayant appartenu à l’architecte Marcel Médecin.
A grands frais, nous faisons aménager un escalier intérieur, reliant les deux étages. L’atelier de pose est bien conçu, avec batteries de projecteurs Krémer, flashes électroniques, décors modernes amovibles.
Un laboratoire pour le noir et blanc très bien équipé, un labo-couleur négatif et positif jusqu’au 40XSO, avec eau thermorégulatrice au degré voulu.
Après le décès de mon père, ma mère Isabelle quitta définitivement l’appartement du 5, Avenue Saint Michel pour venir vivre au dessus de la boutique.
C’est dans cette dernière boutique que certains évènements important de ma vie familiale se sont déroulés.
C’est dans ce magasin que j’ai connu ma future épouse, Marie Louise dite Colette, qui avait son atelier de couture dans le même Boulevard des Moulins. » Une tension familiale au bureau de l’Etat civil voulu que mon beau-père la déclara avec le prénom de Marie – Louise contre l’avis de ma belle-mère qui avait tranché pour Colette.
La suite montra que « Colette » le choix initial de sa mère l’emporta sur le prénom civil !
Durant le conflit mondial étant engagé dans l’Aviation une permission spéciale de 4 jours me permit de me marier à Beausoleil en 1940 et en suivi la naissance à Monaco de ma fille, Elisabeth en 1944.
Mon frère, à cause des médicaments pour soigner une mastoïdite, ne put être incorporé durant la guerre ( problème aux yeux et audition ) et n’eut point de descendance. Afin de combler ce manque affectif il fut parrain de Baptême d’Elisabeth. Ce fut pour lui une révélation et une grande joie d’accompagner et d’aider dans l’éducation de cette dernière qui a grandi uniquement au sein des murs de notre magasin et des ateliers Detaille.
Je revois encore Elisabeth jouer enfant dans la boutique, elle allait à l’école juste en face, au Cours Saint – Maur et en revenant elle faisait ses devoirs dans les différentes pièces de notre établissement.
Quand elle fut plus grande elle m’apporta son concours aimable et sérieux pour recevoir notre clientèle comme une véritable employée de notre magasin.
Mon épouse et ma fille furent très proches de moi pendant toute ma longue carrière et elles furent des piliers solides et fidèles par rapport à leurs engagements volontaires au sein de l’entreprise familiale Detaille. Tous les soirs, sans exceptions, après la fermeture du magasin, je me devais sans faute de développer les photos des clients du jour.
Mon père étant déjà décédé, je me retrouverais avec Colette et Elisabeth suite au départ ponctuel de Fernand à 19h heures dans le magasin pour exécuter ces diverses taches techniques en directions des films et bobines pour la restitution du lendemain !
Heureusement Colette et Elisabeth étaient là pour m’aider ne pouvant pas compter sur mon frère Fernand qui s’éclipsait toujours au bon moment tel l’artiste de la famille.
Comme je le disais avec lassitude « Ce n’était pas avec ses « œuvres » qu’il remplirait les caisses à la fin du mois ».
Ah la famille !!! Pour ça mon frère cadet malgré nos liens ne m’avait pas rendu la vie facile et sereine…
Mes engagements étaient si forts que pour ne pas subir une baisse du chiffre d’affaire, en tant qu’ainé et unique père de famille restant, j’endossais avec résignation toutes ces responsabilités envers ma petite famille et mon frère.
De ce fait, le premier étage du 4, Boulevard des Moulins fut ma résidence principale et professionnelle avant d’acheter « la Villa Ciel Bleu » .
Cet unique choix fut pris pour nous permettre de vivre et de travailler correctement.
Je développais les photos le soir pour les rendre aux clients le jour suivant, Colette et ma fille Elisabeth m’aidaient pour les mettre dans leurs pochettes, préparer les facturations, planifier les nouvelles commandes et bien sur ranger le magasin.
Sans eux je l’avoue, je n’aurais jamais pu finir le travail avant des heures tardives.
Tous les soirs je finissais tard de travailler, ma fille était encore si jeune pour ces tâches…. à sa façon elle s’est sacrifiée pour faire tourner les affaires Detaille.
Le travail d’Elisabeth fut également reconnue durant son parcours scolaire par S.A.S. la Princesse Grace.
La photographie est une histoire de famille, surtout la notre sans l’aide et le sacrifice de ma femme et ma fille qui œuvrait dans l’ombre, l’histoire des Detaille n’aurait pas pue se développer comme nous la connaissions aujourd’hui.
Dans les murs de ce magasin beaucoup d’autres événements important furent vécu et annoncé entre autre la naissance de Chantal, ma petite-fille, qui, comme Elisabeth à vécu toute son enfance dans se magasin…
Je l’ai toujours amené au jardin derrière la boutique et entre midi et deux nous allions tous déjeuner au restaurant Le Roxy situé au le Winter Palace mais du coté de l’avenue de la Madone.
Pour se rendre au restaurant nous passions par les parties communes de l’immeuble puis par la cuisine.
Ma petite fille était très impressionnée par le cuisinier habillé en marin, Elio, au quel il lui manqué une jambe.
En 1962, ayant participé à un grand concours international de la couleur, organisé par la Sté. Eastman Kodak de Rochester aux U.S.A., j’obtiens le Grand Prix d’Honneur.
La Maison Detaille, crée par mon père à Monaco en 1904, devint plus tard en 1956 la Société Anonyme des Etablissements Detaille dont nous étions les fiers actionnaires mon frère et moi.
Elle prit dans le domaine de la photographie en Principauté, une place prépondérante et incontournable. Son activité s’exerça dans bien de domaines notamment dans les travaux industriels, amateurs, les portraits, les mariages, reportages, la vente d’appareils et accessoires, les reproductions en tous genres, les prises de vue cinéma, les éditions d’art dont les « Ballets de Monte-Carlo » qui furent une réussite.
Notre photothèque réunissait à l’origine tous les négatifs de nos trois prédécesseurs Numa Blanc fils (installé à Monaco en 1865), Franz Bucher, Pierre Sanitas.
Notre apport personnel ajouté, cette photothèque s’élevait au départ de notre retraite à plus de 100.000 clichés !
En 1984 ils furent mis à disposition au Prince Rainier III, afin que cette mémoire photographique ne se disperse ou disparaisse en aucun cas. Monseigneur pour l’occasion fera créer pour leur conservation la photothèque des Archives du Palais Princier située au 9, de la rue Princesse Marie de Lorraine sur le Rocher.
Et c’est ainsi que la Photo Detaille mis fin définitivement à son activité empreinte de nostalgie, de fierté et surtout avec de nombreux pincements de regrets au cœur.
Aujourd’hui et pour certainement longtemps encore, nous verrons notre nom figurer au bas de nos illustrations, notamment dans les « Annales du Palais Princier ».
Nous avons le sentiment d’avoir pleinement rempli notre mission et la satisfaction d’avoir été considérés, à juste titre, comme des personnages d’une certaine valeur, par les plus hautes autorités de notre Principauté.
Il est coutume à Monaco, par respect et fidélité au Prince, que toutes les boutiques de la Principauté affichent une photo de la Famille Princière.
Cette Photo ci-dessus était celle choisi par mon grand père pour notre atelier.
Elle était affichée à la vue de tous à l’entrée du magasin du Boulevard des Moulins.
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